Tu voudrais tout
Tout boire, tout lire, tout dire
Ça prend du temps
de tout (s’)écrire
Ça prend du temps tout
court
ce temps qui court
Tu voudrais tout
Tu t’essouffles en
silence
les bras posés à ton
poste
d’observation, depuis
ton phare,
tu voudrais tout
toucher, tout sentir,
tout frémir
Tu voudrais tout
Ta petite bouche
souriante
ma grande gueule qui
vocifère
quand tu me déranges
et que j’essaie de
te dire je t’aime,
bordel
Tu voudrais tout
Tu n’en auras jamais
assez
tu continues quand même
à t’essouffler, à
t’ébrouer
à t’ébattre dans ton
silence
tu cours après la fuite
Tu voudrais tout
T’essaies de faire
l’inventaire
des jours que tu retiens
de tous ceux qui
t’échappent
de tous ceux que t’auras
jamais
assez longtemps au creux
des pognes
Tu voudrais tout
Tu continues à te faire
dessus
à te voir dessous
t’essaies chaque jour
de remettre le dessous
dessus
d'arrêter de croire à
ces mensonges
Tu voudrais tout
Impuissante dans la
cohue
des jours qui dégringolent
tu n’auras pas assez de
tickets
pour racheter la somme
de tout
ce qui respire sans nous
Tu voudrais tout
Dérober avant la nuit
ce que le jour te
prendra
ce qu'il suspendra dans le souffle des secondes
tu marcheras fébrile
dans les ronces
où tu apprivoiseras tes
manques
© Mario Giacomelli