Platys Gialos, 1980

Platys Gialos, 1980
Charlotte Mont-Reynaud, Platys Gialos, Mykonos 1978

mercredi 21 septembre 2022

24ème édition des Correspondances de Manosque du 21 au 25 septembre 2022

 


"Depuis 1999, Les Correspondances de Manosque inventent de nouveaux modes de rencontres avec le texte pour mettre en avant une littérature vivante. Elles accompagnent de jeunes écrivains, saluent les grands auteurs d’aujourd’hui, privilégient les lectures et les croisements artistiques. Ainsi chaque année, fin septembre, ce sont plus de 16 000 festivaliers qui parcourent Manosque durant cinq jours et célèbrent ensemble l’écriture et la rentrée littéraire.
 
Fondé sur la rencontre et l’échange, le festival se déploie dans trois directions principales :
– Donner la parole aux auteurs à travers des exercices inédits : lectures, lectures croisées, performances, mais aussi rencontres sur les places de la ville.
– Mettre la littérature en correspondance avec d’autres formes artistiques en faisant aussi appel à des comédiens, des musiciens, des plasticiens pour des créations originales…
– Concevoir un vaste parcours d’écriture à travers une centaine « d’écritoires » pour investir la place publique, redécouvrir le plaisir de l’échange et envoyer des milliers de lettres.
 
Tout au long de l’année, Les Correspondances poursuivent leur engagement en faveur de la présentation et de la transmission de la littérature en tissant des partenariats avec les acteurs culturels du territoire. De ces collaborations naissent de nombreux projets qui se structurent notamment autour de l’animation d’un comité de lecture et d’une résidence d’écrivain."

La programmation complète de l’édition 2022 est maintenant disponible en téléchargement pdf sur leur site.

Auteurs en rencontres, musiciens et comédiens qui joueront au théâtre & bien plus encore.


dimanche 18 septembre 2022

Le boucan de la voix

Sur commande
tu peux pas
t’as jamais pu
il suffit qu’on te demande
pour que ça s’verrouille en toi.
Tu sais pas comment ça fonctionne.
T’as pas le mode d’emploi
Tu crois te connaître.
Tes schémas sont connus, reconnus,
tu les as disséqués, déconstruits.
Ceux qui puent et qui t’enfument
la vue et l’esprit
sont toujours là.
Ça résiste.
Quelque chose entretient
ces croyances à la noix.
Ça s’décolle pas
tu les vois v’nir
à des kilomètres
à chaque fois c’est pareil.
Forcément, qu’tu connais,
c’est le principe du schéma.
Et voilà, c’est r’parti pour un tour
tu pars du principe que tu peux pas
tu sais pas d’où ça vient
enfin, si, t’as une p’tite idée
mais tu veux pas blâmer.
Au fond, c’est toujours toi
la coupable, jamais eux.
Alors elle vient d’où
cette voix ?
T’as bien dû l’entendre quelque part
cette voix qui te répète
que tu peux pas
que tu peux pas
que t’es pas capable.
Tu l’as pris pour acquis ce postulat.
C’est enregistré, calé, gravé
t’as intégré ça comme une vérité profonde
puisque ça revient, qu’ça s’impose
si fort à chaque fois
il doit y avoir un fond de vérité.
Mais la vérité profonde
et le fond de vérité
c’est du pareil au même
ça n’existe pas.
Ça te colle aux basques
mais ça t’appartient pas.
Tu pensais avoir fait du chemin
et nettoyé le bordel de ta vie
et tu réalises que chaque fois
que tu fais un pas
tout est à refaire, à reprendre
Tout reste à défendre.
On part toujours de rien.
On part de ce qu’on est.
Tu pourras pas grand-chose contre ça
Juste tenter de t’y faire
alors avale, avale.
Ravale tes schémas et recrache.
Recrache tout ce qui ne te vas pas
tout ce qui te fait hurler
tout ce qui amenuise ta voix
tout ce qui te fait croire
que ta voix ne compte pas
Même si tu n’es rien
parce qu’au fond, t’es rien
mais que ça, y’a qu’toi
qu’a le droit de le dire
comme un murmure.
Parce que la vie c’est pas sérieux
ou que ça l’est trop
pour qu’on joue son jeu.
La vie j’en fais tout un drame
je sais pas pourquoi
dans un verre d’eau je me noie
je voudrais juste être moi
sans le sabre de cette voix
moi et une armée de soleils
pour faire rugir ma voix
celle qui m’appartient
et n’a pas à rougir
de ce qu’elle est
de la place qu’elle essaie
de caler entre elle
et le reste
du monde

©Charlotte Mont-Reynaud

Elan du jour…
en mode écriture intuitive

En réponse au challenge de rentrée de @laura_dans_lair lancé au collectif les @lesinepuysables sur le thème… de LA VOIX !
Le but : publier un poème porté à la voix de 60 secondes maximum.
60 secondes (ou presque), le mien fait 1’35’’ donc challenge raté… Sauf que ça a jailli comme ça et que j’ai pas pu/su réduire. L'audio de ce poème se trouve  (sur Instagram).

 


vendredi 2 septembre 2022

Texte inédit de Pierre Ducrozet


Il est des textes qui foudroie…
Depuis hier, je ne m’en remets pas.

Texte intégral de Pierre Ducrozet.
« Je ne sais pas comment tu t’appelles, je ne sais pas qui tu es. Je sais simplement que je veux danser encore avec toi, que tu es mon moteur et celui de mes personnages que tu fais courir dans la nuit. J’ai cru t’avoir perdu. Parfois. J’ai appris à me passer de toi. Mais tu reviens. Toujours. Et l’on nage dès lors encore mieux d’avoir un jour coulé. Et tout reprend. Je te cherche à nouveau derrière chaque regard, chaque instant, toi que je n’atteindrai pas, que je continuerai malgré tout à traquer. Constamment se glisse entre toi et moi mille choses, les murs du réel, les nœuds du cerveau, la platitude, le vide… Mais quand surgissent ces quelques notes. Là, j’arrive enfin à t’atteindre. Je te prends la main. On pense que les mots nous éloignent des choses qu’ils désignent or c’est précisément le contraire. On pense que nos corps nous empêchent or ils sont nos véhicules. On pense que les chansons ne sont que des sons qui traversent l’air or elles ouvrent des lignes directes entre nos cœurs et le monde. Elles nous élèvent, nous inventent, nous foudroient. Je ne sais pas si tu t’appelles intensité, ardeur, amour, littérature ou bien musique. Tous ces synonymes. Si tu es enfin la coïncidence avec les choses. Mais, quand ce moment surgit, il n’y a plus d’interférence. Je suis directement là. Et c’est pour ça que j’écris. Je crois. Pour enfin faire corps avec toi. Le temps s’ouvre comme une mangue. Et je suis dedans. Tu accélères et tu augmentes, tu densifies, tu élargis et tu creuses, tu dupliques le temps et ouvres l’espace. Tu es plus vraie que ce que l’on appelle communément la vérité. C’est toi qui nous fais avancer et continuera à battre après notre mort dans d’autres corps que les nôtres. Et finalement, clairement je n’aurais fait que cela. Te chercher. Trouver une manière de t’accueillir en moi. Te donner une chambre à toi. Entre les creux et les hauteurs. Entre les meubles sans éclat. Entre le sternum et le cou. Te prendre dans mes bras. Je ne sais pas comment tu t’appelles. Feu. Grâce. Elan. Mais je sais que je t’attends. »

Texte inédit de Pierre Ducrozet, lu par lui-même, dans l'émission #Totémic de Rebecca Manzoni le 01/09/2022, accompagnée par la musique de Max Richter (The Departure) choisie par ses soins.
Dans mes oreilles, en boucle…

Emission à écouter en podcast : Pierre Ducrozet et ses "Variations de Paul" (radiofrance.fr)