Platys Gialos, 1980

Platys Gialos, 1980
Charlotte Mont-Reynaud, Platys Gialos, Mykonos 1978

lundi 29 février 2016

La boîte à coutures

Je te parle
du vacarme
des silences
de l’étendue
de mes revers
Tu restes
sourde devant
mes ruines
Aveugle face
à la cicatrice
béante du vide
Je me demande
l’outil qu’il faut
pour passer au travers
de ce qui ne porte
pas de nom, ou que
je n’ose nommer
tant il tranche
Comment s’évanouir
une moitié de vie
Peut-être fais-tu partie
de ces personnes
qui ont appris à
découdre le temps
à repriser le tout
en faisant fi des trous
sans que cela
dévore le ventre
jusqu’à l’éclatement
des boyaux
J’aurais
sans doute
dû m’intéresser
plus tôt
à la couture.

Détourne(ment) #35

Je suis pleine de vices
                          vides

dimanche 28 février 2016

Le Gueuloir, Perles de correspondance - Flaubert

"Écrivons, nom d’un pétard ! Ficelons nos phrases, serrons-les comme des andouilles et des carottes de tabac. Masturbons le vieil art jusque dans le plus profond de ses jointures. Il faut que tout en pète, monsieur." 


Éditeur : LE CASTOR ASTRAL (2016)

Libido #22

Ouvre
mon texte

Ouvre-
le bien

Décapsule-
moi

Fais sauter
une bonne fois

Les verrous
de ma langue

samedi 27 février 2016

Shush j'écoute Son Lux - Easy (remix)

Son Lux - Easy (remix)

Chaque jour #4

Chaque jour le matin déplie
ses bras de la pesanteur de la nuit.
Des ondes transpercent l’opaque contour
de l’autre scène qui se joue. D'infimes étincelles
se hasarderont avant de s’éteindre dans l’anonymat
de tes pages. Tu soulèveras les paupières, consciente du
risque de t’extraire de l’entre-deux dans lequel tu nages,
sans parvenir à démêler certains fragments suspendus,
comme cette « monographie de la tâche » qui s’en-
tête en boucle dans les limbes de ton esprit,
rescapée insondable déposée telle
une souche de l’autre monde.

(Crédit photo Hatice Besün)



vendredi 26 février 2016

Thomas Vinau, Bleu de travail - Prix René Leynaud 2016

Scoop !
Thomas Vinau s'est vu décerner le prix René Leynaud (du nom du poète résistant lyonnais) pour Bleu de Travail, son recueil de prose poétique paru en septembre 2015 chez La Fosse aux Ours. Ce prix récompense "un ouvrage de poésie contemporaine, porteur d’un souffle de résistance, écrit par un poète émergent". Une très jolie nouvelle en avant-première du 18ème Printemps des Poètes !



Son blog est ici

Détourne(ment) #34

J'embrasse pas
                                       embrase

Jean-Michel Maulpoix

"Un poème est un pont jeté en travers du temps"

mercredi 24 février 2016

mardi 23 février 2016

Chaque jour #3

Chaque jour
des pensées flocons
se déposent, s’entremêlent
aux heures blanches de ta nuit
ta langue lèche leur lumière vive
avant d’embrasser la terre
d’argile où tu épouses
le silence

Pont de Rakotz en Allemagne

Détourne(ment) #32

Les mots d’hiver sortent des bouches

                                          bûches

lundi 22 février 2016

Résiliation d’abonnement

Cher opérateur,

Je suis votre fidèle abonnée
depuis bientôt 2 ans
j’étais férue de volonté fiévreuse
j’avoue sans peine l'insatiable soif 
qui ne m’a pas quittée
le temps de la souscription
je la portais partout, tout le temps
elle coulait dans mes veines
comme mon propre sang
cet engagement ne m’ayant
pas mené à bon port
il me semble naturel de vous
abandonner sans plus attendre
ma décision est mûre et sans retour
je lâche les amarres de votre navire
je laisse la vie me porter
pour nager en perdant de vue
l'absolu que je m’étais promis
j’avancerai à l’aveugle pour
parcourir des p(l)ages vagues
vous étiez trop présent
et preniez trop de place
j'embrasse la vacuité des nuages
je vous souhaite le meilleur
pour la farce des jours à venir
je ne souhaite pas de remboursement
j’étais engagée de plein gré
(cela va sans dire)
je l’entends parfaitement
je recommence tout, différemment
je choisis les marges, les creux,
les petits riens de l’existence
j’ouvre à présent mes bras 
à la poitrine ronde des hasards,
des envies, des plaisirs et
des joyeux égarements
libres et sans obligation
d’engagement

Veuillez agréer bla bla bla
bla bla bla

Alfred Hitchcock playing with his grandchildren, 1960

dimanche 21 février 2016

Boire l’encre

La nuit projette les fragilités
qui entaillent, que tu ne sauras jamais
définir tout à fait, l’inachevé du jour les
parcelles en fuite, les mots défaits mal sortis
des bouches, ces infimes nouveaux fragments,
embryons d’idées à faire éclore pour dessiner un
ensemble qui tienne un tant soit peu la route
tu abandonneras avec peine les choses qui te
retiennent, sans parvenir à les lâcher vrai-
ment. Tu finiras par boire l’encre
pour renaître dans les
bras de l’aube







samedi 20 février 2016

Un jour après l'autre

Un jour après l’autre
l’espoir respire
je ne sais comment

Effronté
- encagé peut-être –
au creux du ventre

Il pourrait s’effilocher
se dissoudre, être indécis
pour un temps

Il cogne sous la paupière
persistance rétinienne
impossible à déloger

Le temps s'étire
Lui stagne à l'intérieur
sans saigner

Il reste ferme
face à l'assourdissante
(in)existence

Il ne semble
pas vouloir l'en-
tendre je crois



Libido #21

Avale
les formes
de ma langue

Butine
ses cavités
profondes

mardi 16 février 2016

lundi 15 février 2016

Lentement, l'éveil

Au matin
presque désincarnée

Paysage extérieur
à la bordure de soi

La lumière
peine à naître

Le jour se lève
comme un vieillard

La peau
première de cordée

Ses parties nues
s'y noient

Ta conscience
reprend

Peau contre
corps

Des ondes
par vague

D'enveloppe
vibratoire

La tête
remet l'histoire

Range 
les rêves 

A l’abri
des regards

La vie
refait surface


Adolf Menzel, Lit défait, craie noire sur papier, vers 1845, KSK Berlin



vendredi 12 février 2016

Détourne(ment) #26

Je cherche ma voie dans ce qui s'écrit
                                                se crie

Lewis Carroll, Alice in Wonderland

“If you don't know where you are going, any road can take
you there” 

 "The Guiding Spirit", April 2012 - © Brooke Shaden Photography

["Si tu ne sais pas où aller, n'importe quel chemin peut t'y mener" 
Alice aux pays des merveilles]

Sur le rebord de l'aube

J'ai les mains
trop offertes
et les dents
trop serrées
je me lève
avant l'aube
pour laper
les éclats
j'ai sur
la langue
de la boue
et des pierres
qui ne suffiront
pas à recouvrir
l'hiver qui
me tient
froid



Compatible - Extrait Nos cheveux blanchiront avec nos yeux

"L’écriture a été pour moi un moyen d’être compatible avec l’existence. De me concilier avec le monde. De me réconcilier. Un moyen d’avoir une prise sur lui. Sur ce sable. Sur ce sentiment que les choses ne tournent pas rond. Sur la perte. Sur l’instant. Je crois que nous ne sommes pas faits pour vivre comme nous vivons. Je ne suis même pas sûr que nous soyons faits pour vivre tout court. Mais l’écriture, c’est comme l’amour, ça nous donne une prise valable sur tout ça. A condition de le faire honnêtement. Après, c’est simple. Il faut regarder. Il s’agit juste de voir les feuilles mortes qui volent en spirales le matin au bord de la route."

Thomas Vinau (chez Alma éditeur, 2011)