~ FRAGMENT ~
extrait de mon texte NOS SABLES (É)MOUVANTS
Assise sur un banc
la porte de l’été à peine poussée
Je voudrais prendre le temps,
oser le lent qui caresse le fragile
Je voudrais capturer
le limon de l’instant
qui déborde à rebours
Tempérer le trop vite
pour empoigner la braise
Je regarde mes maladresses,
mes évitements,
tout ce que je ne parviens pas
encore à dire à haute voix
Je me souviens combien
j’aimais être triste
J’ai mâché mes orages
comme des promesses d’éclat
qui n’osaient pas rugir
Je tente par l’écriture
de saisir sur le papier
tout ce qui, trop vite, s’enfuit
Je ravale mes cicatrices
et mes plaies mobiles
rien de vraiment triste
Un feuillage de sous-bois
a grainé dans mes tripes
et ravive mes friches
Je voudrais convertir le doute
hisser haut ce qui suspend
le souffle de nos sables mouvants
Je cherche dans la foudre
à renouer, à (re)lier, à recoudre
tout ce qui falaise l’intérieur
de nos précipices
Je vois ce qui ricoche
sous nos peaux frémissantes
comme une marée montante
et descendante
J’essaie de débusquer
ce paradis perdu
niché derrière mes peurs
Des frontières intimes
réfrènent mes élans,
j’aimerais parvenir à nommer
ce qui peine à se dire
Je vois le temps galoper
sur le visage de ma fille
j’encage la nuit pour écrire
l’ébloui de l’encore
Au milieu du tumulte,
dans l’outre-monde, l’inter-saison,
je voudrais qu’on se déploie
Qu’on embrasse l’ardeur
de nos inflexions de voix
et des silences qui s’en suivent
© Crédit texte & photo, Charlotte Mont-Reynaud.