Et si tu
n’écrivais pas
aujourd’hui
et demain
et tous les
autres jours
La question
te fait sourire
puis sans
avoir le temps de
comprendre,
te désarçonne
te laisse
sans voix, tu souffles
Ça t’ennuie
presque de répondre
Tu sais bien
que la Terre
tournerait toujours
Et pourtant...
En
creusant la question
l’émotion
se pointe
pile à
l’heure pour
effacer tout
doute
Ta gorge se
noue
Une giboulée
de mars
s’improvise
sur ton visage
(même en l'écrivant
ça éclate sur l'instant)
Il te faut regarder
la réalité en fa(r)ce
C’est au
travers du papier
que tu te
sens exister
Que l’inépuisable
besoin
de regard, d’oreilles
et
de reco(n)-naissance
s'impose
Ça te dévore
de l’intérieur
Tous les
matins devant ta page
tu
te compares, te
dévalorises
te hais
d’être ainsi faite
rongée par
un désir de vivre
qui passe pour
ainsi dire par autrui
Tu as tout faux une
nouvelle fois
Tu cueilles
ton émotion
comme un
cadeau bienveillant
Prends la
mesure du déséquilibre
et de l'inconfortable pandémie
En te posant
deux minutes
c’est carrément
flippant
d’aller chercher
dehors
ce besoin d'existence
Tu peines assurément
à trouver quoi que ce
soit
qui y ressemble
Tu pressens que
rien autour
ne saurait combler
le
gouffre béant
du
désamour
Qu’il te faut
apprendre à composer
avec ces manques
Fouiller à l’intérieur
pour extirper
confiance et estime
Même si pour
l’heure
ça te paraît
surréaliste
de t’accorder un ticket
d'amour envers toi-même
Photographie Recollection, 1930, by Herbert List