Platys Gialos, 1980

Platys Gialos, 1980
Charlotte Mont-Reynaud, Platys Gialos, Mykonos 1978

mardi 21 avril 2020

Dans la traîne des jours


Tu regardes chaque matin sous la jupe du temps pour relier les branches de ton histoire

Tu t’abreuves en laissant couler le mot avenir, comme né de ta bouche, pour qu’il étire tes paysages

Certains souvenirs de famille feront peut-être des ricochets, où s’entrelacent d’autres voix

Tes silences comme des cailloux concentrent tes replis de moineau

Le manteau blanc de l’enfance masque le fracas des fissures

Tu voudrais te glisser dans un livre comme dans la peau d’un autre

Vivre libre, nue, respirer grand, dans une fête aux éclats d’écume sans début ni fin

Sous tes pieds, ta part sauvage s’embrase dans un berceau vibrant

Ton destin semble se dévêtir au-dedans de toi, tout en te portant

Dans le bleu des souvenirs, le sel dérobé du voyage construit les choses tues, pour attraper le temps.
Racines suspendues. Entrevues. 

Comme son visage dans le tien.

Demain sera une belle musique.
Comme la vie, là, juste devant.




mardi 7 avril 2020

SLAM DU FLOTTEMENT

Ça commence par un moment
de FLOTTE - MENT
quand le soleil RECULE

J’ai pas l’habitude
de cet isolement
inédite SOLITUDE

Attention j’dis pas
qu’ça me coûte
qu’c’est laborieux
pénible ou RIDICULE

J’ai juste jamais
appris à compter
sans jour ni PENDULE

J’sais bien qu’les gens
pendant l’confinement
font tout un tas d’DECOMPTE

de c’qu’ils peuvent plus
dépenser, faire ou amasser
comme une insulte qui GRONDE

font des grimaces éhontées
de tout ce qu’ils n’ont jamais
su dire ou DO-MES-TI-QUER

qu’ils établissent des tas
de listes de ce qui MANQUE
de ce qui est PERDU ou FANÉ

Du bord de ma fenêtre
c’est tout l’opposé
j’fais l’grand cumul
de tout c’que j’ENGRANGE

Plus de plein d’essence
de sourires forcés
d’trajets INSENSÉS

Mon quotidien se REMPLIT
de vide, d’éclats de PEU
d’heures invisibles
qui osent le PRÉCIEUX

de tout cet essentiel
ces souffles en vibration
ces jolies choses
qu’ j’faisais pas ASSEZ

J’vis la trêve générale
la pause imposée
comme un moment SACRÉ

J’sais pas si un jour
j’pourrai continuer
le pantin que J’ÉTAIS

Poursuivre l’AVIDE
d’avant l’seize mars
l’insignifiance de l’avant vide
d’l’« avant-COVID »

J’sais pas si je pourrais reperdre
ce que j’ai jamais su gagner
des années PENCHÉES

Sans m’abîmer, me mentir
m’imposer des figures
malhabiles ou D
ÉSAXÉES

J’veux m’répéter encore et encore
qu’tout ça peut CHANGER
sans guillemets ni r’mettre à trop tard
le changement ESQUISSÉ

Qu’on tire enfin un trait
sur l’capitalisme EFFR
É
l’entre-soi qui offense
tous les D
ÉPLACÉS

Que l’on défende
avec les poings
le vivant, l’éternelle FRAGILITÉ

Que l’on réfléchisse à l’équilibre
qui prône le JUSTE
défend le LENT, le DOUX

Que la raison du plus faible
persiste et DURE
qu’on fasse la nique
aux peurs, à l’INJURE

Qu’on remette de l’amour
et des sourires dans ce qui palpite
au sens propre sur ta FIGURE

Que chacun trouve sa PLACE
sans tiédeur ni compromis
que l’on montre aux ‘grands’ de ce MONDE
leur véritable FA(R)CE

© Crédit photo Irène Layous

mercredi 1 avril 2020

Fred Le Chevalier

"Nos espoirs cabossés par le temps 
on les a juste tenus plus haut" 

© Fred Le Chevalier