Platys Gialos, 1980

Platys Gialos, 1980
Charlotte Mont-Reynaud, Platys Gialos, Mykonos 1978

mardi 22 mars 2016

La Terre tournerait toujours

Et si tu n’écrivais pas
aujourd’hui et demain
et tous les autres jours
La question te fait sourire
puis sans avoir le temps de
comprendre, te désarçonne
te laisse sans voix, tu souffles
Ça t’ennuie presque de répondre
Tu sais bien que la Terre
tournerait toujours
Et pourtant...
En creusant la question
l’émotion se pointe
pile à l’heure pour
effacer tout doute
Ta gorge se noue
Une giboulée de mars
s’improvise sur ton visage
(même en l'écrivant
ça éclate sur l'instant)
Il te faut regarder
la réalité en fa(r)ce
C’est au travers du papier
que tu te sens exister
Que l’inépuisable besoin
de regard, d’oreilles et
de reco(n)-naissance s'impose
Ça te dévore de l’intérieur
Tous les matins devant ta page
tu te compares, te dévalorises
te hais d’être ainsi faite
rongée par un désir de vivre
qui passe pour ainsi dire par autrui
Tu as tout faux une nouvelle fois
Tu cueilles ton émotion
comme un cadeau bienveillant
Prends la mesure du déséquilibre
et de l'inconfortable pandémie
En te posant deux minutes
c’est carrément flippant
d’aller chercher dehors
ce besoin d'existence
Tu peines assurément
à trouver quoi que ce soit
qui y ressemble
Tu pressens que
rien autour
ne saurait combler
le gouffre béant
du désamour
Qu’il te faut
apprendre à composer
avec ces manques
Fouiller à l’intérieur
pour extirper
confiance et estime
Même si pour l’heure
ça te paraît surréaliste
de t’accorder un ticket
d'amour envers toi-même

Photographie Recollection, 1930, by Herbert List

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