Platys Gialos, 1980

Platys Gialos, 1980
Charlotte Mont-Reynaud, Platys Gialos, Mykonos 1978

mardi 29 décembre 2015

J'habitais le peut-être

J'habitais le peut-être. J'étais logée dedans. Oh, pas longtemps j'avoue, ça aura été bref. J'étais blottie chez lui. Locataire pour un temps. Il faisait bon. C'était doux. Pas confortable pour autant. Un no man's land intermédiaire. Une latence. Un temps comme ralenti, qui attend et espère. Qui féconde les chimères, les espoirs naturels, qui semblent fous. Une zone floue qui ne sait pas. Qui ne prend pas parti. Qui offre des possibilités, des ouvertures. Des permissions surtout. Des rêves qui n'osent pas ou peu se dévêtir. Des rêves qu'on préfère taire de peur qu'ils ne s’abîment. Qu'ils rétrécissent dans des mots mal ajustés à leur (dé)mesure. Même si c'est ridicule. Que c'est stérile. Qu'ils ont besoin de chair, de sueur, d'élan, d'essais, de maladresses. De corps et de matière pour voir le jour. Qu'ils ont ce besoin viscéral et vital d'autorisation. J'habitais pour un temps cette voie ouverte à l'offrande et à ce qui se refuse. Cet entre-deux en équilibre, suspendu entre ce qui me file chaque jour entre les doigts et la délicate dentelle du demain que j'espère. Comme tout le monde, je ne sais rien de ce demain que je nourris entre les lignes. J'avais préparé mon plus beau sourire pour l'accueillir. Je m'étais dit qu'il faudrait que je le garde grand au creux des joues et du jour qui vient. Ce sourire-là. Qu'importe l'issue. Je n'habite plus le peut-être, il a perdu l'équilibre. Et je suis à la porte du jour, au peut-être éperdu. C'est toutefois demain qui me porte. Et me porte à croire que la difficulté est fertile. 




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