Quand tes yeux sont au bord de me dire quelque chose. Et que ta bouche reste close. C'est l'un des plus beaux tremblements que tu m'offres. Comme un commencement. Un vaste champ de chimères, semé de particules fines. Un fragment de lumière renouvelé. Une porte entrouverte sur des mots qui n'ont pas su, pas pu, ou voulu éclore. Des mots qui parlent, même tus. Des mots imaginaires qui n'existeraient que dans les songes. De simples vétilles de filles. Des nuées de pensées qui grouillent par milliers comme des lucioles les nuits d'été. Je me calerai dans ce regard ouaté à la verticale de moi. Je pourrai presque y pénétrer tant je crois reconnaître l'endroit. Etre dans un prolongement, une annexe de moi. Je suis à l'aube de ton âme, aux portes d'un royaume où la mienne saurait t'y rejoindre. S'y engouffrer, dans un moment infime et suspendu. Si intime. Dans l'intimité même de l'être. Mais déjà il n'est plus. Sa brèche se dérobe sur l'horizon de promesses, d'illusions, de pensées censées satisfaire l'insatiable part de nous. Ce n'est sans doute qu'une douce illusion cette petite fugue. Un écran entre nous, là où nos projections se reflètent et s'étreignent dans un élan fugace. Le temps de l'illusion a la chaleur de la flamme. Mon regard, en écho, s'éclairera de sa lueur. Et je m'assoupirai dans cette sensation première. Celle qui ne trompe pas. Ou qui me ment si bien que j'accepterai de la croire.
(Photographie Noell Oszvald)
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