Il m’est difficile d’écrire des/mes vœux cette année.
Peut-être parce que je me sens dans une plus grande authenticité vis-à-vis de moi-même.
Peut-être parce que je n’ai pas eu envie de forcer quoi que ce soit, en suivant un mouvement qui n’aurait pas été le mien. Le 1er janvier, j’ai préféré profiter de ma fille et rester loin des écrans de toute sorte, et ce pendant toute la semaine qui a précédé sa rentrée (et la mienne) lundi 8 janvier.
Je me dis que les vœux sont finalement quelque chose de très personnel. J’ai beaucoup aimé les vœux de Cécile Coulon et leur joli contre-pied. J’aime toujours les vœux de Mélanie Leblanc, même si je n’ai pas encore eu la chance de découvrir ses 108 vœux récemment parus aux Venterniers. Je crois évidemment à la puissance des mots et à la puissance de l’intention.
La période est trouble. Très trouble. Le monde est empli de peurs de toute sorte, tant de choses semblent se rigidifier, régresser, se diviser, le pouvoir rend fou, le monde marche sur la tête, on décime la planète, la souffrance des déplacés est légion… Cela m’atteint mais je n’ai pas envie de nourrir ce qui me dévaste. Je choisis de me recentrer, de mettre mon énergie sur ma sensibilité propre, sur ce qui fait sens, sur le sensible, le fragile, sur ce qui me touche et touchera peut-être une sœur/un frère humain.e.
A présent, je suis prête à laisser derrière moi d’anciens schémas, d’anciennes manières de faire ou de percevoir certaines choses, qui ne me conviennent pas/plus. Je suis prête à de plus en plus d’authenticité envers moi-même, même si cela ne va pas avec le « plan de vie prévu », et que c’est à contre-courant des schémas ou modèle de vie/ de pensée ‘comme il faut’ et décevant pour certain.e.s (famille, ami.e.s…).
Je crois qu’enfin, je me rapproche de ce lieu où je n’ai plus peur de décevoir (le pire serait de me décevoir moi), notamment celle qui m’a conçue. Parce que la seule chose qui compte, c’est ce à quoi j’aspire, ce vers quoi mon cœur me porte. Je ne veux pas d’étiquettes, aucune ne me convient. Les étiquettes que l’on pose sur moi ne m’appartiennent pas. Elles sont les projections de celles et ceux qui les énoncent.
J’aspire à trouver ma place en ce monde en embrassant mon cœur et ses vibrations pures de joie et de vie, comme le cœur d’un enfant. J’aspire à tout ce qui peut contribuer à faire rayonner mon cœur, l’envie d’être dans ma vérité, dans ma singularité, d’être dans le faire (de cesser de me poser mille questions qui paralysent, parce que ce ne serait pas assez ceci ou cela), le désir de créer et développer ce qui me fait vibrer et que j’ai à cœur de faire partager (même si j’ai souvent la sensation de vivre dans un autre monde et/ou d’être en décalage).
La vie est incertaine. Tout est fragile. Nous sommes tous fragiles. Je suis au cœur de ce fragile. C’est souvent de ce lieu que j’écris. Je ne sais pas vraiment ce que j’y trouve. Je sais que c’est essentiel et que j’y trouve un certain apaisement. Je sais que l’écriture est une forme de consolation, même si elle ne soigne pas et ne répare pas. L’écriture n’est peut-être qu’une tentative de réponse à tout ce qui m’échappe, tout ce que je ne comprends pas et tout ce que je voudrais retenir.
Mon chemin de résilience est long (il a commencé il y a longtemps, mais le cœur ne tient pas de comptes). Les mots de Neige Sinno dans TRISTE TIGRE résonnent particulièrement, même si elle parle de l’inceste et moi d’une autre blessure de l’intime. Elle dit ceci « Ce qu’il y a d’insupportable dans la résilience, c’est l’idée que toute cette souffrance ne conduise finalement qu’à être normal. Accepter que ce que les autres ont sans effort, sans même en percevoir la valeur, ne nous est donné qu’au prix d’une double peine : le martyre et ensuite le chemin de croix de la guérison. (…) ». Cette impression de double peine et de fatigue par rapport aux efforts que demandent un travail sur soi me parlent beaucoup.
Je ne veux pas renoncer avant d’avoir commencé, j’ai envie de me donner de l’amour, de la douceur, de la joie. Cela peut sembler banal et naïf. Pourtant choisir l’Amour plutôt que la peur est un très grand projet. Il est temps pour moi de me donner l’opportunité d’être celle que je suis profondément, en suivant mon cœur, en écoutant mon âme. Chaque chose se fera en son temps. Puisque tout arrive pour une raison, chaque fois, au bon moment.
Je prends le pari du beau, le pari du doux, le pari du cœur.
Le pari de cette écoute et de cette douceur fondamentale que l’on devrait s’accorder en s’écoutant profondément, pour aller là où l’on a envie d’aller, pour vivre ce que l’on a envie de vivre, en suivant sa petite voix, celle qui sait.
L’année qui se profile est un immense point d’interrogation.
Je ne sais pas ce que demain me réserve et ni à quoi ressemblera 2024.
Qu’importe, je choisis de me faire confiance.
De faire confiance à mon intuition, à la vérité de mon cœur.
Je sais que j’ai besoin de rejoindre une manière unique d’être au monde, j’ai besoin de vivre et de respirer au rythme de ma sensibilité (trop longtemps cachée derrière un faux self et un mental oppressant et tyrannique, un ego qui pensait détenir la vérité. Je me bagarre encore contre lui, mais j’ai appris à le reconnaitre quand il se pointe et à le mettre de côté pour faire de la place à l’essentiel : l’essence de ce cœur qui sait) pour être dans le juste et dans ce qui sonne vrai.
Je vous souhaite de suivre votre cœur (quel que soit l’endroit où il vous mène) et tout ce qui le fait battre plus fort.
Je vous souhaite d’être au cœur du cœur, pour y puiser votre feu.
© Charlotte Mont-Reynaud
Cyanotype réalisé en 2023.
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