Platys Gialos, 1980

Platys Gialos, 1980
Charlotte Mont-Reynaud, Platys Gialos, Mykonos 1978

jeudi 2 mars 2023

NOUS SOMMES DEBOUT

 

Lors de mon dernier atelier d’écriture, le 10 février, j’ai proposé à mes écrivants d’écrire en commençant par les mots « Nous sommes debout » extrait du recueil P(H)ommes de terre de Thomas Vinau paru en 2015 aux Éditions la Boucherie litteraire Antoine Gallardo – illustré des œuvres stupéfiantes du plasticien René Lovy. Les extraits étaient les suivants : « Nous sommes debout / même recroquevillés nous sommes debout / Nous hurlons bouches fermés nous hurlons ») p9 et de « nous sommes la boue / nous sommes la viande / nous sommes la nuit / nous sommes la vie / Nos douleurs se font des clins d’œil ») p59. L’idée était d’explorer l’anaphore - option comme une autre - ou de n’utiliser « Nous sommes… » qu’une seule fois, au début, comme amorce d’écriture, pour écrire une variation sur le vivant (Temps d’écriture 15-20 mn).
Je me suis prêtée au jeu, juste avant l’atelier, dans les mêmes conditions d’écriture, avec un temps limité. Je vous livre le texte brut - non retravaillé - qui a jailli ce jour-là. Il entre évidemment en résonnance avec ‘Le Manifeste du Nous’ de Mélanie Leblanc et avec les mots de Cyril Dion dans ses ‘Résistances Poétiques’ issu de son projet poétique avec le compositeur Sébastien Hoog, que j’ai entendu lors de l’émission de La Grande Librairie du 01.03.2023.
Aujourd’hui, je ne sais pas si je suis debout (vaillante et fière j’entends), je me sens plutôt fragile et vulnérable. Les propos de Cyril Dion m’ont touché en plein cœur, comme toujours et entrent si fort en résonnance avec ce en quoi je crois et ce vers quoi je mets toute mon énergie, même si je me sens inutile, lente et improductive dans ce monde où l’on attend de nous tout le contraire (et que je ne peux plus faire à présent).
NOUS
SOMMES
DEBOUT
Nous sommes debout
Nous sommes la lumière et l’obscur
Nous sommes les graines
Nous sommes faits de la glaise de nos parents
et leurs parents avant eux
Nous sommes tout ce qui ne peut s’écrire
Nous sommes l’étincelle de la vie
Nous sommes petits et grands
minuscules, bien trop petits
devant l’immense beauté de la vie
Nous sommes ce que l’on a fait de nous
Nous sommes ce qui peut être défait
Nous sommes hier et aujourd’hui
réunis dans la paume du présent
Nous sommes la renaissance
Nous sommes le feu de nos ancêtres
Nous sommes la chaux vive de nos peines
Nous sommes ce qui aboie, ce qui hurle en dedans
Nous sommes les vallées de larmes des migrants
Nous sommes l’or et la sève de l’amour
Nous sommes des petites brindilles pour allumer le feu de tes yeux
Nous sommes la rébellion, la revendication douce qui s’écrit sur la page
Nous sommes le peuple
Nous sommes l’enfant, l’adolescent, le parent
Nous sommes tous nos âges
Nous sommes le paysage que nous portons dedans
Nous sommes responsables, affranchis des diktats
Nous sommes le ruissellement du vivant
Nous sommes ce que nous sommes
Nous sommes l’élan et le souffle de l’instant
au creux du jour
nous sommes ensemble et debout

©Charlotte Mont-Reynaud

{Nous sommes debout – poème isolé}

Musique (dans l'audio d'origine sur Insta & FB)
'All Human Beings' composée par Max Richter

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